Bibliothèques municipales : adapter et sécuriser l’accueil du public 

Maintenir une offre de services la plus large possible et destinée à tous est une priorité, encore plus dans le contexte actuel, pour Fabrice Chambon, directeur des bibliothèques de Montreuil en Seine-Saint-Denis (93). Avec un fonctionnement différent, en protégeant au mieux les usagers et en prenant soin de tous les agents.

Quel a été l’impact du confinement pour les bibliothèques municipales à Montreuil ? 

L’impact a été important puisque les équipements ont tous été fermés. Nous ne pouvions plus prêter des ouvrages, ni accueillir du public. Les bibliothécaires avaient toutefois à cœur de travailler autrement, grâce au numérique. Des ressources ont été régulièrement mises en ligne sur le site internet et sur les réseaux sociaux. Nous avons aussi réussi à maintenir quelques projets, comme une lecture de poèmes de Robert Desnos à l’occasion du 75e anniversaire de sa mort en camp de concentration, lors d’un Facebook live avec un comédien et des jeunes d’une classe professionnelle.

Comment les bibliothèques se sont-elles organisées au moment du déconfinement ? Comme se déroule l’accueil du public ?

Nous avons préparé la réouverture des établissements avec des protocoles sanitaires pour ne faire prendre aucun risque, ni aux personnels, ni aux usagers. C’est pourquoi, nous avons commencé par proposer une formule de drive aux usagers. Après avoir appelé pour réserver leurs ressources, ils étaient invités à venir les récupérer à l’entrée, sur une plage horaire fixée afin d’éviter les contacts.
A la suite de l’évolution de la situation sanitaire, toutes les bibliothèques ont rouvert début juillet, aux horaires habituels. Sauf pour la principale qui est en travaux. En attendant, nous avons une bibliothèque éphémère de 215 m², au lieu de 2500 m², ce qui contribue à limiter en partie les collections et les projets proposés à la population.

Quelles sont les mesures sanitaires mises en place pour protéger les usagers ?

Les mesures et gestes pour prendre soin de tous ont été pris et appliqués, tels que gel hydroalcoolique, masques, jauges limitées pour accueillir le public ou des groupes comme les classes en évitant les croisements… Pour l’heure, les espaces étant exigus, nous limitons le fait de rester sur place. Il n’est par ailleurs plus possible de s’installer pour travailler.

Toujours pour éviter de faire prendre de risques aux usagers, en cas de doute, nous mettons les livres en quarantaine pendant 3 jours avant qu’ils ne soient à nouveau en circulation.

Comment s’est passé le retour des agents ? Comment assurer leur protection ?

Pendant le confinement, les agents étaient placés dans trois positions : en autorisation spéciale d’absence pour des raisons de santé ou familiale, en arrêt de travail ou en télétravail. Le retour en bibliothèque s’est fait progressivement avec un système de rotation reposant sur un, deux ou trois jours par semaine en présentiel et le reste du temps à distance. Quand la situation s’est améliorée, les collègues - excepté ceux ayant des pathologies et arrêtés par leur médecin et le médecin du travail - sont revenus de manière régulière et en présentiel avec masque obligatoire et dans le respect des gestes barrière pour se protéger et protéger les usagers. Tous les agents ont été reçus par le médecin du travail. Nous avons aussi été attentifs à la crainte de certains de reprendre et avons composé avec le rapport de chacun à la situation sanitaire et la maladie. C’est pourquoi nous avons dans un premier temps fonctionner sur la base du volontariat pour l’accueil des groupes, avant de revenir au fonctionnement classique. J’ai le sentiment que tout le monde est conscient qu’à la DRH, à la direction de la culture et à la direction des bibliothèques, nous tentons de prendre en compte l’ensemble des situations et de nous adapter pour que cela se passe le mieux possible.

Quelles sont en cette période les contraintes, les difficultés rencontrées ?

Nous avons réussi à maintenir le prêt, l’accueil et faisons le maximum pour proposer une offre de services la plus large possible. Pour autant, du fait de l’exiguïté des espaces proposés au public pendant nos travaux et des jauges très restreintes que cela implique en cette période de crise sanitaire, des activités ont disparu, de façon provisoire bien sûr, comme les concerts, les expositions, les projections de films et plus largement les rencontres avec un public important. Parce que la bibliothèque, c’est aussi un lieu culturel.

Quelles sont vos motivations pour assurer votre mission dans ces conditions actuelles contraignantes ?

Il y a trois piliers essentiels qui nous animent : lutter contre les inégalités, faire que tous les publics se croisent à la bibliothèque comme à l’école de la République ce qui est le plus dur en ce moment, et soutenir la création, les artistes et les acteurs culturels. Plus que jamais, et encore plus dans la situation actuelle, nous veillons à nous adresser à tous, et aux populations les plus éloignées de la fréquentation des équipements culturels. Nous nous donnons un rôle dans le fait d’intervenir dans la réduction des inégalités d’accès à la culture. Malgré le contexte, c’est essentiel de leur offrir ce service public.

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