Dépendance : état des lieux et solutions

Quatre personnes âgées sur dix en France connaissent la dépendance, dont deux de manière sévère (1). L’entrée dans le dernier âge de la vie, celui de la perte d’autonomie, est à l’ordre du jour à l’heure où se prépare une grande Loi Autonomie et où vient d’être décidée la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale, dédiée à la dépendance.

La population française vieillit. Et à mesure que le nombre de nos aînés augmente, le nombre de personnes dépendantes progresse aussi. 2,5 millions de seniors avaient besoin d’aide au quotidien en 2015 ; 4 millions seront dans ce cas en 2050 (2). Pour certains d’entre eux, la perte d’autonomie marque le départ en établissement pour personnes âgées. 8,8 % des personnes de plus de 75 ans vivent en institution (maison de retraite, foyer logement…). Pour maintenir ce pourcentage, il faudrait que le nombre de places d’hébergement en Ehpad augmente de 20 % d’ici à 2030 et de 50 % à horizon 2050 (3).

Ne plus pouvoir se débrouiller au quotidien

Mais qu’est-ce que la dépendance ? Elle se mesure à l’aide de la grille de « notation » AGGIR (4), utilisée par les professionnels de la prise en charge des aînés. Cette grille évalue l’aptitude des personnes à accomplir seules les gestes du quotidien : se lever, se coucher, s’habiller, aller aux toilettes...

Les Groupes Iso Ressources (GIR) vont de 1 (personnes âgées cantonnées au lit ou au fauteuil et/ou dont les fonctions mentales sont très altérées) à 6 (personnes autonomes dans les actes de la vie courante). Une personne en GIR 4 n’a ainsi pas de difficulté pour marcher, mais a besoin d’aide pour ses soins corporels, ses repas, se lever et se coucher… C’est là un bon repère, car seules les personnes relevant des GIR 1 à 4 sont considérées comme dépendantes et peuvent à ce titre bénéficier de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie).

Un cinquième risque... à financer

Avec la loi du 7 août 2020, la Sécurité sociale, qui couvrait jusqu’ici la maladie, les accidents du travail, la vieillesse et la famille, va couvrir aussi la dépendance des personnes âgées (et des personnes handicapées). C’est la première étape d’une réforme du Grand Âge attendue de longue date et qui devrait se traduire, dans les mois qui viennent, par une loi dédiée à l’autonomie.

La question du financement du coût de la dépendance n’est à ce jour pas résolue. Il est possible qu’il implique une hausse de la fiscalité (taxation des héritages notamment) ainsi que des conditions plus restrictives pour bénéficier d’une exonération de charges sociales ou d’un crédit d’impôt pour l’emploi d’une aide à domicile. La prise en compte de la valeur de la résidence principale dans le calcul du droit à l’APA est également envisagée.

Entre le domicile et l'Ehpad, un intermédiaire ?

Vieillir chez soi : c’est le souhait de 85 % des Français (5). Mais lorsque la dépendance arrive, la solution n’est viable qu’à condition que la personne bénéficie des équipements, aides et services à domicile nécessaires. La mise en place, depuis octobre 2020, d’un congé de proche aidant rémunéré, est déjà une première réponse. Les personnes actives (6) accompagnant un proche en perte d’autonomie pourront ainsi bénéficier d’indemnités journalières.

Mais la prise en charge des seniors dépendants passera sans doute aussi demain par une plus grande diversité de solutions d’accueil. Entre le domicile et l’Ehpad, il y a encore trop peu de structures collectives maintenant les personnes dans une certaine autonomie, retardant ainsi le basculement dans la dépendance. Résidences autonomie, accueil familial, accueil temporaire, accueil de jour, habitat intergénérationnel : ces solutions intermédiaires sont à développer.

Les autres grandes idées actuellement débattues (7) consistent à revaloriser les métiers du Grand Âge, et à ouvrir les Ehpad sur l’extérieur. À l’avenir, les maisons de retraite pourraient offrir des services aux personnes dépendantes de leur bassin de vie, en lien avec les structures d’accompagnement et de soins à domicile, mais aussi des bénévoles, jeunes en service civique...

Les aînés pourraient alors être vus comme une source de richesse, créant des milliers d’emplois mieux valorisés. Le Groupe VYV, dont la MNT est membre fondateur, donne la parole aux aidants à travers un documentaire pour libérer la parole intitulé « Les Aidants ». Retrouvez la bande annonce sur la chaine YouTube du Groupe VYV, et le documentaire sur la chaîne Orange.

  • (1) Source : « Concertation Grand Âge et Autonomie » - Rapport Dominique Libault de mars 2019 – p.13.
  • (2) Source : INSEE Première n°1 767 – 25 juillet 2019.
  • (3) Source : INSEE Première n° 1767 – 25 juillet 2019.
  • (4) Autonomie Gérontologie Groupe Iso Ressources.
  • (5) Source : Étude Ifop et Sociovision pour la FESP (2019).
  • (6) Salariés, travailleurs indépendants, demandeurs d’emploi indemnisés ou occasionnellement rémunérés.
  • (7) Notamment dans les Assises des Ehpad de septembre 2020.

Avez-vous aimé cet article ?

oui