Eboueur : assurer sa mission avec fierté et… visibilité

John Invernizzi, éboueur (ou ripeur) au Sictom (syndicat intercommunal collecte et tri ordures ménagères) du Haut-Jura (39), poursuit sa mission obligatoire et s’est adapté à la situation sanitaire actuelle. Malgré les contraintes et la peur, il apprécie les remerciements des usagers.

Interview réalisée pendant le confinement, en avril 2020.

Comment êtes-vous mobilisés dans ce contexte de crise ?

Nous faisons partie d’un service obligatoire comme l’eau, l’assainissement… et nous continuons, chaque jour, de travailler de façon polyvalente, en tant que chauffeur ou ripeur. Le droit de retrait n’est pas possible pour nous. Certaines personnes à risque, ayant des problèmes de santé, sont cependant restées chez elles.

Quelle est votre organisation de travail ?

Nous effectuons toujours nos tournées, de 6 heures à 13 heures. Mais au lieu d’être trois dans un seul camion, un chauffeur et deux ripeurs, nous sommes aujourd’hui deux dans deux camions, un chauffeur et un ripeur, pour pouvoir assurer les distances de sécurité quand nous devons être ensemble à l’intérieur du camion. Modifiées, les tournées sont un peu plus longues. Un camion part du début de la tournée, l’autre de la fin. Mais comme la collecte en porte à porte des bacs pour les déchets recyclables a été supprimée sur certains points, nous avons pu mobiliser plus d’hommes et de camions. Ce qui nous permet d’être un peu plus en sécurité sur le ramassage des ordures ménagères.

Le ramassage des conteneurs semi-enterrés (avec un « champignon » en surface), dans lesquels les personnes peuvent déposer leurs poubelles ménagères et leurs recyclables, est toujours assuré par un seul agent dans un camion spécialisé. On compte 1 200 conteneurs semi-enterrés qui se trouvent dans plusieurs villes et villages de tout le secteur du Haut-Jura.

Quelles sont les mesures de protection prises pour exercer votre mission ?

Toutes les dispositions ont été prises et nous avons l’équipement nécessaire avec des lunettes de protection ou une visière sur notre casquette, des gants en latex en plus des gants habituels, des lingettes et du gel hydroalcoolique à l’intérieur du camion. On nous demande d’ailleurs de nous désinfecter les mains le plus régulièrement possible. Le plus contraignant, c’est lorsque nous rentrons au dépôt, car tous les jours nous devons désinfecter toute la cabine et laver le camion, ce qu’avant la crise nous faisions une fois par semaine. Nous ne sommes pas en contact direct avec les sacs puisque nous ne prenons que les conteneurs, même s’ils nous arrivent parfois de devoir ramasser un sac tombé au sol ou posé à côté. Le risque est donc très limité.

Y-a-t-il des changements, des évolutions par rapport à votre activité habituelle ?

Je continue mes tournées sur le même secteur de Saint-Claude et la vallée. Les jours de collecte n’ont pas été modifiés. Pour le ramassage des ordures ménagères, en porte à porte, les gens sont plutôt respectueux et les collectes sont assez propres. En revanche, pour les conteneurs semi-enterrés, ils ne jouent pas le jeu, jetant leurs sacs à côté… Et dans les « bleus », les recyclables, on trouve des choses impensables, y compris des gants et des masques. J’ai envie de lancer un message : pensez à nous ! Pensez à toutes les personnes de la chaîne. Respectez notre sécurité.

Ce qui a changé avec la crise, c’est de travailler avec tout cet équipement de protection, ce n’est pas pareil. Porter un masque en permanence est assez désagréable. Nous n’avons jamais connu ça, les odeurs ne nous accommodent pas plus que ça. Nous remarquons aussi que cela crée de la distance avec les personnes, et certains ne nous reconnaissent pas. Ce n’est pas anodin et c’est anxiogène.

Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?

Le matin, on se lève avec la peur au ventre et on pense à ce virus. Mais nous sommes fiers de continuer notre travail et de rendre ce service à la population. Comme les soignants et les pompiers, nous sommes en première ligne mais avant la crise nous étions « invisibles ». Aujourd’hui, nous trouvons des mots sur les poubelles, des dessins. Les gens nous remercient et ça fait du bien. Ça fait chaud au cœur… Mais demain ? Ces mêmes personnes qui, aujourd’hui, nous encouragent, avant la crise on les gênait, on bouchait leur rue, on les mettait en retard... La reconnaissance n’était pas au rendez-vous. J’espère qu’après cette crise, les comportements changeront.

Service public : tout faire pour rester utile et efficace auprès de la population

Mobilisation, action, protection : retrouvez les trois points clés du Sictom 39 pour assurer sa mission de service public.

  • Service assuré
  • Organisation de travail peu modifiée
  • Équipements adaptés

La MNT est reconnaissante aux agents et aux élus qui ont accepté de témoigner dans ce contexte de crise sanitaire mais aussi à tous les interlocuteurs plus que jamais présents et mobilisés. La MNT les remercie pour leur engagement au service du citoyen, au service de la continuité du service public de proximité, de notre service public.

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