Qualité de vie au travail : les conditions de réussite

Hélène Guillet, présidente déléguée du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT) et directrice générale des services du centre de gestion de Loire-Atlantique (CDG 44) livre son regard sur les enjeux de la qualité de vie au travail (QVT) dans les collectivités territoriales.

Quelles sont les conditions pour réussir une démarche de qualité de vie au travail (QVT) ?

Hélène Guillet : C’est d’abord de faire en sorte que les agents, même au plus haut niveau de l’organisation, puissent acquérir des connaissances et de la compétence de façon individuelle mais surtout collective sur la QVT : conditions de travail, santé, dialogue professionnel qui nourrit le dialogue social, capacité à pouvoir donner son avis, possibilité d’agir sur son périmètre de travail, expérimenter des solutions pour améliorer ses conditions de travail...

La deuxième condition, c’est de faire des choix, car très peu de collectivités sont finalement en capacité de s’engager dans une démarche globale. Il faut le faire avec du sens, par rapport à ses spécificités, en tenant compte de la situation de la collectivité et son avancement en matière de QVT. Les élus, les directions générales et les managers ont un rôle important à jouer.

Dans le cadre du plan Santé au travail dans la fonction publique 2021-2026, le gouvernement souhaite favoriser la QVT et notamment l’appropriation de la démarche de QVT : qu’en pensez-vous ?

H. G. : Enfin ! Il est plus que temps. La nouveauté de ce plan Santé, c’est le fait de passer d’une approche curative à une approche préventive. Mais les collectivités étaient déjà dans cette réflexion parce que c’est leur réalité.

Passer d'une approche curative à une approche préventive."

Quels sont les enjeux pour les collectivités territoriales ?

H. G. : Absentéisme, attractivité et difficulté de recrutement... ce sont des champs entiers à travailler et pas juste à réfléchir, et que la crise sanitaire est venue accentuer. Il n’y a jamais eu autant de mal-être au travail, et les besoins sont énormes. Le principal enjeu est de saisir toute l’importance de passer au préventif. Les collectivités ont les outils pour cela. Ce n’est pas une question de temps mais une question de volontarisme, porté au plus haut niveau, politique et managérial. La QVT concerne aussi les petites collectivités et leurs agents : pour les centres de gestion, c’est l’un des enjeux majeurs à l’échelle de ce mandat et ils auront à favoriser les mises en réseau entre les plus « gros » et les plus « petits ». La mutualisation et la solidarité sont des pistes à creuser.

La mutualisation et la solidarité, des pistes à creuser."

Qu’est-ce qui va changer concrètement pour les agents ?

H. G. : De plus en plus d’employeurs publics sont sensibilisés et portent des convictions. Mais difficile de dire ce qui va changer en raison du libre arbitre des collectivités territoriales. En revanche, j’ai l’intuition que les structures publiques qui ne s’engageront pas dans ces démarches de QVT vont probablement être encore plus en pénurie de main d’oeuvre. Je porte l’espoir qu’elles réfléchiront autrement, qu’elles s’engageront au bénéfice des agents et au bénéfice de l’action publique et de la performance publique.

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