Interview réalisée pendant le confinement, en avril 2020.
En cette période de crise, de quelle manière êtes-vous mobilisée ?
Depuis le 17 mars, je suis tous les jours à la mairie, du lundi au vendredi, avec ma collègue du service décès, de 9h à 12h et de 13h30 à 17h30. Le reste de l’équipe est également sur le pont et se compose de quatre agents au lieu de huit habituellement, puisque certaines collègues gardent leurs enfants, sont des personnes à risques ou elles-mêmes malades. J’ai mis en place un roulement. Elles se relaient tous les 15 jours voire toutes les trois semaines.
Quelles sont vos missions ?
Nous continuons de déclarer les naissances et recevons les papas qui ont un délai de cinq jours pour le faire. Il n’y a pas de prorogation. Nous recevons également du public pour diverses raisons. Mais toutes les démarches de formalités de l’état civil pour les demandes de cartes d’identité et de passeports, pour les mariages, ou encore les PACS, sont suspendues.
Comment poursuivez-vous votre mission dans ce contexte de crise sanitaire ?
Nous essayons de nous protéger et de protéger l’usager au maximum. J’ai mis en place un sas à l’entrée pour réguler les flux, avec un panneau invitant les personnes à patienter, un agent venant les chercher pour les rediriger. Chaque papa qui vient déclarer une naissance a, à sa disposition, un stylo désinfecté après usage. Nous avons mis en place une table devant le guichet pour instaurer un périmètre de sécurité de plus d’un mètre. Après chaque venue, tout est désinfecté, banc, chaise, table... Les agents le font aussi pour leur espace de travail. Le temps d’attente est à peine plus long que d’habitude. La charge de travail, quant à elle, est la même qu’avant la crise, puisque nous avons adapté les effectifs au niveau des services obligatoires à rendre à la population pour exposer le moins possible les agents.
Qu’est-ce qui a évolué avec cette crise ?
Il faut régulièrement rappeler que nous sommes en période de confinement. Des personnes âgées viennent par exemple chercher des attestations de sortie un jour et reviennent le lendemain. Nous avons toutes sortes de demandes. Il y a parfois des situations ubuesques que l’État est loin d’imaginer je pense... Plus le confinement dure, plus les gens sont tendus, stressés et s’énervent. Alors par moment, ma casquette de responsable état civil devient celle du gendarme. Banques, Pôle emploi, CAF, Sécurité sociale, Impôts… ces services continuent de solliciter les citoyens pour des papiers à leur fournir mais beaucoup n’ont pas d’imprimante ni de scanner et nous demandent de le faire. Ils veulent tout en urgence, tout de suite, de peur des conséquences. Mais, en venant, ils prennent des risques et nous en font courir aussi. D’ailleurs, sur les autorisations de sortie, il n’y avait pas au départ de case « démarches administratives », et maintenant uniquement si la personne peut présenter une « convocation »…
Quel est votre état d'esprit ?
Tous les matins, quand je viens travailler, j’ai la boule au ventre, une boule d’angoisse pour mes collègues et pour moi-même. Nous sommes toutes, tout le temps, dans l’appréhension. Nous nous lavons les mains énormément et nous sommes bien fournies en gel que nous utilisons aussi constamment. Nous prenons la mesure du risque. Encore plus lorsque nous voyons les papas qui viennent déclarer une naissance et qui n’ont pas la même lueur de joie dans leurs yeux...
Pensez-vous déjà à la reprise ? Comment l'envisagez-vous ?
Cela ne sera pas facile. On va devoir travailler « d’arrache-pied » puisqu’il va falloir continuer mais avec une surcharge de travail liée à tous les rendez-vous et tous les dossiers d’état civil qui auront été bloqués pendant des semaines voire des mois. Personnellement, je vais avoir besoin de relâcher un peu la pression même si je suis très contente de déclarer des naissances parce que c’est la vie ! J’espère en tout cas que nous en sortirons grandis de cette crise.
Service public : tout faire pour rester utile et efficace auprès de la population
Adaptabilité, protection, solidarité : retrouvez les trois solutions mises en place par la collectivité pour assurer sa mission de service public.
- Nouvelles modalités de travail
- Accueil du public repensé
- Mobilisation des agents
La MNT est reconnaissante aux agents et aux élus qui ont accepté de témoigner dans ce contexte de crise sanitaire mais aussi à tous les interlocuteurs plus que jamais présents et mobilisés. La MNT les remercie pour leur engagement au service du citoyen, au service de la continuité du service public de proximité, de notre service public.
Crédit photo : MNT - Ville de Dunkerque