Quelles sont vos missions habituelles ?
Je suis puéricultrice cadre supérieur de santé à la direction de la PMI-PS et je m’occupe, entre autres de l’encadrement d’équipes PMI, du pilotage des actions de santé publique et de l’intervention en matière de mode d’accueil collectif (contrôle, suivi, agrément des établissements du jeune accueil…).
Dans le cadre de la vaccination contre la Covid-19, quel a été votre rôle ?
Dès mars, le CD94 a mis en place un dispositif mobile (validé par l’Agence régionale de la santé et la préfecture), dans un mode « aller vers », destiné aux plus de 75 ans des résidences autonomie, population cible au début de la campagne de vaccination. Ayant été cadre dans un pôle hospitalier pendant plusieurs années, j’ai tout de suite accepté de le monter, parce que j’en voyais l’utilité, qu’il fallait vacciner et que cette mission, qui sort de mon cadre, m’intéressait. Je suis et reste soignante. C’est dans mon ADN.
Comment fonctionnait ce dispositif ?
Ce dispositif reposait sur une équipe mobile composée d'agents volontaires : 12 médecins et un médecin responsable du centre de vaccination sur les résidences autonomie qui gérait toutes les commandes et les liaisons ARS /préfecture, 14 infirmières ou infirmières-puéricultrices et moi-même. D'autres agents départementaux, notamment quatre médecins de la direction autonomie et quatre agents administratifs de la direction de la logistique, de la DRH et de la direction des crèches, ont aussi fait partie de l'équipe mobile. Celle-ci était composée au quotidien de deux médecins, deux infirmières, deux agents administratifs et moi-même. Le dispositif a fonctionné en continu, les jours ouvrés du 4 mars au 29 avril 2021, soit 40 jours à raison d'une à deux résidences autonomie par jour.
Quelle organisation a été mise en place ?
Des agents s’occupaient de récupérer les vaccins, un autre le matériel nécessaire, un autre encore aidait les résidents à remplir les formulaires, collectait leurs informations et les accompagnait jusqu’au box de vaccination. L'équipe a été autonome sur le plan logistique et informatique, ce qui a permis d'éditer un certificat de vaccination à chaque personne vaccinée. Les données médicales (soit 2 200 documents) seront gardées pendant trois mois, conformément à la nouvelle législation sur la conservation de ces données vaccinatoires de santé.
Comment avez-vous préparé ce dispositif ?
La direction de la Protection maternelle et infantile et de la promotion de la santé a été mobilisée pour construire le dispositif en s’appuyant sur les préconisations du ministère de la Santé en lien avec les directions support. J’ai participé à l’élaboration des protocoles pour les infirmières et le schéma type de l’organisation du centre vaccinal et les ai formées à la reconstitution et à l’utilisation du vaccin Pfizer, mais aussi toutes les conduites à tenir en cas d’incident. Nous n’avons eu que trois semaines en février pour y travailler mais j’aime les défis ! Nous avons eu des réunions parfois pluriquotidiennes entre les principales directions, une collaboration transversale complètement nouvelle et très enrichissante.
Combien de personnes avez-vous vacciné grâce à ce dispositif ?
Nous sommes intervenus dans 41 des 52 résidences autonomie du Val de Marne. Nous avions 315 flacons pour tout le dispositif (vaccin Comirnaty du Laboratoire Pfizer, mis à disposition par l'ARS et validé par la préfecture) .1 526 doses ont directement bénéficié aux résidents. 798 résidents éligibles à la vaccination ont bénéficié d'une première dose au premier passage de l'équipe mobile et 766 résidents au second passage soit 95,9 % des résidents vaccinés au premier passage (des personnes n’étaient plus éligibles à la seconde dose : antécédent de Covid, maladie intercurrente, décès).
Quelles ont été les réactions ?
Nous avons été accueillis à bras ouverts par les résidents comme par le personnel ! Même si nous étions en résidence autonomie, il était difficile pour nombre de résidents de se déplacer. Tout le monde nous a remerciés. Et nous avons fait de très belles rencontres. J’ai été particulièrement touchée par une dame de 103 ans, venue avec son fils de 81 ans, qui, ancienne infirmière, avait vécu la grippe espagnole. Un moment émouvant !
Quel regard portez-vous sur cette mobilisation ?
La vaccination est un enjeu de santé publique et il est vraiment important de participer à cette grande cause nationale. Nous avons beaucoup expliqué, accompagné, notamment les personnes les plus vulnérables. Il y avait, dans cette équipe mobile, un esprit d’équipe. Et tous l’ont dit, s’il fallait continuer ou le refaire, on repartirait !